Poèmes tous doux...

Ode à Féerie

J'aime ces instants fragiles
Où le ciel est immobile,
Où tout semble s'envoler.

J'aime ces instants éternels
Où tout me semble irréel
Quand je ne fais que rêver.

J'aime la musique du vent
Qu'on croirait d'un autre temps
Et qui brille dans le feuillage.

J'aime le concert harmonieux
Des rouges-gorges et des rouges-queues
Qui semble issu d'un autre âge.

Civilisation, mon oeil!
Des forêts je fais mon deuil,
Nature meurt sous les sentiers.

Une évolution, bien sûr!
On détruit notre futur
A vouloir l'améliorer...

Mon frère le plus précieux

J'ai tenté de mettre des mots
Sur ce que je ressens pour toi
Mais je les ai trouvés trop faux,
Trop malhabiles et maladroits,
Et j'ai eu beau chercher encore
Des mots d'amour ou d'amitié
Qui ne t'effrayeraient pas trop fort,
Je ne les ai jamais trouvés.

J'ai cherché où te situer
Aux deux extrêmes de mon coeur
Sachant que de chaque côté
Y a quelque chose qui te fait peur,
J'ai voulu te mettre au milieu
Mais je ne trouve pas de mots
Autres qu'ami ou amoureux
Pour te désigner comme il faut.

J'ai épluché les dictionnaires,
Les encyclopédies bidon,
Mais rien n'a su me satisfaire,
Je ne t'ai pas trouvé de nom,
C'est au détour d'un souvenir
Que ela m'a sauté aux yeux
Que je ne pouvais te chérir
Que comme mon frère le plus précieux...

Le Cormoran

Comme les cormorans, j'ai tout autant besoin
De la mer que du vent, du ciel que des embruns,
Je suis un sédentaire au plumage d'ébène :
Même au coeur de l'hiver, je tiens Phoebus en haine.

Sur des rochers aigus, je nargue l'Océan,
Enivré par son flux, l'énergie qu'il répand,
En lui est mon courage, au vent trouve ma joie,
La foule, du rivage, au nez me rit déjà.

A cause de ma houppe et de ma robe noire,
Du fond de leur chaloupe, ils me tuent du regard,
Parce que je suis laid, que j'ai les plumes en deuil,
La foule se permet de me brûler de l'oeil.

Quand je prendrai mon vol se tairont les huées
Car je suis sur le sol comme un prince blessé,
C'est en vol sur les flots que mon règne prend place,
Du vent mêlé à l'eau, je puise mon audace...