Le nouveau premier ministre japonais

Le Parlement japonais intronisera le nouveau Premier ministre le 25 septembre prochain pour remplacer le conservateur Shinzo Abe démissionnaire.

Après délibération, c'est Yasuo Fukuda, qui succédera à Shinzo Abe au poste de premier ministre.

Sous les applaudissements, le nouveau chef du PLD, très grave, s'est incliné devant ses pairs à l'annonce des résultats au siège national du PLD, à Tokyo.

Agé de 71 ans, M. Fukuda est considéré comme un responsable modéré et chevronné capable d'éviter les bourdes et autres faux pas qui ont contraint son prédécesseur à démissionner. "Le PLD doit faire face à une situation extrêmement difficile et je veux avant tout ressusciter le parti et regagner la confiance du peuple japonais", a-t-il dit.

"Il est naturel que le peuple nous ait sanctionnés", avait-il déclaré avant sa désignation à la tête du PLD, devant les caméras de la chaîne NHK, évoquant la déroute de sa formation aux sénatoriales de juillet. "Nous devons prendre une par une les mesures nécessaires pour rétablir la confiance du peuple", avait-il ajouté.

Le futur chef du gouvernement aura affaire à une opposition combative qui contrôle désormais la chambre haute dans un contexte économique difficile, entre de fortes pressions pour aider les laissés-pour-compte des dernières réformes et la réduction d'une énorme dette publique.

Taro Aso, un inconditionnel de mangas qui se dépeint lui-même comme un leader fort, a fait brièvement la course en tête pour la présidence du PLD mais son avance s'est soudainement évaporée en raison de ses liens étroits avec M. Abe. "Aso appartient à l'ancien régime Abe. Peu importe qu'il blague et parle manga, il n'apporte aucun changement. Avec Fukuda, revenir à la manière ancienne apparaît comme un changement", déclarait, avant le vote, Steven Reed, professeur de sciences politiques à l'Université Chuo.

ELECTIONS ANTICIPEES ?

M. Fukuda a promis de prêter davantage d'attention aux Japonais lésés par les réformes menées par le prédécesseur de Shinzo Abe, Junichiro Koizumi, dont les réductions des dépenses publiques ont suscité l'adhésion de nombreux électeurs mais la colère des soutiens traditionnels du PLD dans les campagnes.

L'accent mis par le conservateur Abe sur le patriotisme dans les écoles ou l'extension du poids du Japon dans la sécurité mondiale devrait aussi repasser à l'arrière-plan.

Néanmoins, l'une des premières tâches qui attend le futur premier ministre sera de défendre devant une opposition hostile le renouvellement de la mission japonaise de soutien logistique aux opérations menées par les Américains en Afghanistan, dont le mandat expire le 1er novembre. Bien qu'avocat d'une politique étrangère moins axée sur les Etats-Unis, M. Fukuda est favorable au prolongement de cette mission, tout comme une majorité de l'opinion publique.

Il n'a pas exclu d'avoir recours à la majorité des deux tiers dont jouit le PLD à la Chambre des représentants pour contrer l'opposition du Sénat. Pour les analystes, le Parti démocrate, principale formation de l'opposition, prendrait un risque en jouant son va-tout sur cette question et en réclamant des élections anticipées à la chambre basse.

Les prochaines élections législatives ne doivent pas avoir lieu avant la fin 2009 mais pourraient être avancées en cas de blocage persistant du Parlement. Certains parient sur un scrutin anticipé après le vote du budget 2008-2009, à la fin mars.

En attendant, le PLD peut toujours s'appuyer sur sa majorité à la chambre basse pour faire adopter des lois, mais risque alors un retour de bâton dans l'opinion publique.

Une autre option serait de chercher des accords avec l'opposition sur les grandes réformes à mener. "Je ne suis pas convaincu que nous franchirons de grands pas dans cette direction", déclare néanmoins Martin Schulz, économiste à l'institut de recherche Fujitsu.

Le budget entre en vigueur un mois après son approbation par la chambre basse même s'il a été rejeté par le Sénat, mais les lois d'application doivent être approuvées par les deux chambres. "Ce sera la plus grande épreuve pour Fukuda", prédit le professeur de sciences politiques Yasunori Sone.